Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la confirmation qu’il attendait de son témoignage, à la sommation qu’il lui envoyait de déposer véridiquement, comment ne pas comprendre que le silence du prieur de la chartreuse de Pavie est ici, dans ces conditions, un désaveu. Si l’on se réfère à la règle de correction fraternelle divinement enseignée par Catherine (Dialogue, c. 102) et qui consiste à reprendre un défaut dans les autres en le réprouvant en soi-même, on ne peut se défendre de penser que, dans la protestation finale, il y a une admonition qui ne manque ni d’énergie ni de chaleur, à l’adresse de ceux qui ont publié les récits sur lesquels il se tait.

Cette protestation n’atteint pas sans doute la personne même de Caffarini. On ne saurait le suspecter d’avoir supposé la lettre de Dom Étienne et son contenu. Mais Frère Thomas de Sienne, compatriote et disciple de Catherine, ardent promoteur de son culte, zélateur de sa mémoire, grand collectionneur de reliques, devait être très accueillant à tous les récits qui semblaient favoriser la gloire de la bienheureuse. Évidemment, autant que dom Étienne, il était persuadé que « Dieu n’a pas besoin de nos mensonges », que les saints sont et ont avantage à demeurer ce que le Christ les a faits, et que c’est témoigner trop peu de confiance dans la miséricorde divine et trop de complaisance dans sa propre sagesse que de prétendre ajouter à l’œuvre de Dieu, avec la pensée de l’embellir. Il n’eut pas imaginé lui-même de ces embellissements ; il était tout prêt à croire aux imaginations d’autrui. Cet infatigable apôtre de Catherine, qui ne prêchait guère que la doctrine et la vie de la sainte, devait provoquer des réactions qui se firent jour dans le procès de Venise, il y en eut vraisemblablement de moins solennelles : il dut se rencontrer des esprits plus amis de la facétie que des procès, qui durent prendre un trop humain plaisir à mystifier le zèle et la sincérité du directeur du Tiers-Ordre de Ve-