Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/38

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rieurement, c’est dans ces lignes précises que s’est définie cette merveille de Dieu.

Si l’on regarde au dedans, l’on ne trouve point dans ce livre — ou du moins c’est l’exception — ces révélations particulières qui n’ont aucun rapport essentiel avec les vérités de l’enseignement catholique, et qui, même approuvées par la Sainte Église comme n’enfermant rien de contraire à ses dogmes, ne s’imposent rigoureusement à la foi de personne, tout en sollicitant, et non sans contrôle, la pieuse croyance de tous. La doctrine du Dialogue c’est la doctrine de l’Évangile ; ce sont les mystères mêmes de la foi, ce sont les lois mêmes de la vie chrétienne, avec ses étapes successives, avec son progrès continu, qui sont exposées dans cet ouvrage. Rien donc de substantiellement nouveau. Aucune vérité, aucune direction, aucune promesse qui ne fût déjà dans l’inépuisable trésor de la sainte Église.

Ce qu’il y a d’étrange ici et de merveilleux, c’est de voir l’intelligence d’une humble fille qui n’a pu étudier ni les lettres divines ni les lettres humaines, appliquée à la contemplation de la Vérité éternelle, du mystère de la Divinité, de la Providence, de l’Amour, de la Miséricorde, des abîmes d’iniquité et des magnificences de grâce que peuvent receler les consciences humaines, avec une telle aisance et une telle pénétration que l’on dirait qu’elle y est dans son élément, que son esprit se meut et se joue dans cette lumière, suivant une comparaison où elle se plaît, comme le poisson dans l’eau. L’on demeure confondu de ces termes si précis que ne trouvent les docteurs qu’après de longues méditations et des efforts soutenus, et dans lesquels cette vierge exprime simplement, sans hésitation et avec sécurité, sans recherche et pourtant avec une exacte mesure, la plus haute sagesse et les plus profonds mystères. Comment n’être pas convaincu que ce n’est pas des j hommes qu’elle tient sa science, quand ces sublimités,