Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/396

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et dans l’angoisse de son désir, elle trouve délicieux d’être admise à se rassasier à la table de la très sainte Croix, pour ressembler à l’Agneau sans tache, humble et patient, mon Fils unique, dont j’ai fait un pont, comme je te l’ai dit. Après donc qu’elle a si doucement avancé sur ce pont, en suivant la doctrine de ma douce Vérité, elle est passée par ce Verbe, en supportant avec une véritable et douce patience, toutes les peines, toutes les afflictions que je le lui envoyais pour son salut. Elle les reçoit désormais virilement, sans choisir celles qu’elle préfère. Elle ne se contente pas de s’y résigner avec patience, c’est avec allégresse qu’elle les accueille, et elle regarde comme une gloire d’être persécutée pour mon nom. Pourvu qu’elle ait quelque chose à souffrir, elle est heureuse ! L’âme est envahie alors d’une si grande joie, d’une si parfaite tranquillité d’esprit, qu’aucune langue ne le saurait exprimer.

Lors donc qu’elle a passé par ce Verbe, par la doctrine de mon Fils unique, et fixé l’œil de son intelligence sur moi, la Vérité première, elle contemple cette Vérité ; en la voyant elle la connaît, et en la connaissant elle l’aime. Son amour suit l’intelligence et goûte ma Divinité éternelle, qu’elle voit unie à votre humanité. Alors elle se repose en moi, l’Océan de paix, son cœur est uni à moi par le sentiment de l’amour, comme je te l’ai dit à propos de ce quatrième état d’union. Cette présence sentie de ma Divinité éternelle, fait alors couler des yeux des larmes de douceur, qui vraiment sont un lait