Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/408

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ma Charité, avec sa flamme, embrase le cœur qui offre, en ma présence, des désirs ardents, sans une larme dans les yeux. Je dis que ce sont là des larmes de feu, et je répète que ces larmes, c’est l’Esprit-Saint qui les pleure. Ceux-là, ne pouvant pleurer des yeux, m’offrent les désirs que la volonté a formés pour l’amour de moi. S’ils ouvrent l’œil de l’intelligence, ils verront que, chaque fois que mes serviteurs exhalent devant moi le parfum d’un saint désir, dans leurs humbles et continuelles prières, par eux c’est l’Esprit-Saint qui pleure. N’est-ce pas ce que voulait faire entendre le glorieux apôtre Paul, quand il disait que l’Esprit-Saint m’implorait moi le Père, pour vous, par des gémissements inénarrables (Rm 8, 26).

Tu le vois donc bien, le fruit des larmes de feu n’est pas moindre que celui des larmes d’eau. Souvent même il est plus grand, suivant la mesure de l’amour. L’âme ne doit donc pas avoir l’esprit troublé, ni craindre d’être privée de ma présence, parce que les larmes qu’elle désire, elle ne les peut avoir de la manière qu’elle voudrait. Elle ne les doit souhaiter qu’avec une volonté en accord avec la mienne, soumise au Oui et au Non, suivant qu’il plaît à ma divine Bonté. Parfois, je ne consens pas à lui accorder ces larmes corporelles pour qu’elle se tienne sans cesse devant moi, en humilité et en continuelle prière avec le désir de me goûter, moi. Obtenir ce qu’elle demande ne lui