Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/414

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c’est par amour que je vous ai faits, vous ne pouvez vivre sans amour. L’âme qui vit selon la vertu, plante la racine de son arbre dans la vallée de l’humilité. Mais ceux-là qui vivent, misérablement, l’ont placée sur le mont de l’orgueil. Mal planté comme il est, il produit des fruits, non de vie, mais de mort. Ces fruits, qui sont leurs œuvres, sont empoisonnés de toute sorte de péchés, et s’ils font parfois quelque bonne action, comme la racine est gâtée, ce qui en sort l’est aussi. L’âme en péché mortel ne peut produire une bonne action qui soit méritoire de la vie éternelle, parce que cette action n’est pas accomplie en état de grâce. Elle ne doit pas cependant renoncer aux bonnes œuvres, car tout bien est récompensé et toute faute punie. Le bien accompli en dehors de la grâce, est insuffisant pour mener à la vie éternelle. Mais la divine Bonté et ma justice lui donnent une rémunération imparfaite, en rapport avec l’œuvre imparfaite qui m’est offerte. Tantôt je la récompense par des biens temporels, tantôt je lui accorde, comme je te l’ai exposé plus haut, le temps qui lui est nécessaire pour qu’elle puisse se corriger. Parfois, je lui communique la vie de la grâce, par égard pour mes serviteurs qui me sont agréables et dont j’exauce les vœux. Ainsi ai-je fait pour le glorieux apôtre Paul, qui dut à la prière de saint Etienne, de renoncer à son infidélité et à ses persécutions contre les chrétiens. Tu le vois donc bien, dans quelque état qu’elle se trouve, l’âme ne doit jamais cesser de bien faire.

Je te disais que les fleurs de cet arbre étaient