Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/422

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j’ai voulu attirer le pécheur à moi, en essayant de l’amour. Je l’ai sollicité par la crainte, afin de l’amener, par le trouble et l’inquiétude de son cœur, à quitter l’amour déréglé pour aimer dans la vertu. Je l’ai éprouvé par la tribulation, pour lui faire connaître la fragilité du monde et le peu de fond qu’il faut faire sur lui. Enfin, à quelques autres à qui ce remède est nécessaire, j’envoie le remords de la conscience, pour qu’enfin ils desserrent les lèvres et vomissent la corruption du péché par la sainte confession.

Mais eux, comme s’ils étaient obstinés dans le mal et véritablement réprouvés par moi a cause de leur iniquité, ils refusent absolument de recevoir ma grâce. Pour échapper au remords de la conscience, ils essayent de l’étouffer en des plaisirs misérables, au mépris de moi-même et de leur prochain.

La raison en est, que la racine de l’arbre est corrompue, comme aussi l’arbre tout entier, et tout lui est cause de mort. Voilà ces malheureux dans les tristesses, et les gémissements, et les larmes amères, et s’ils ne se corrigent pas, pendant qu’ils ont encore le temps d’user de leur libre arbitre, ils ne seront délivrés de Ces larmes passagères, que pour être voilés à des pleurs sans fin. Ce qui n’était que fini devient donc infini, parce que ces pleurs furent versés avec une haine sans fin de la vertu, je veux dire avec un désir de l’âme, fondé sur une haine infinie. Il est vrai que, s’ils l’avaient voulu, ils se seraient épargné ces larmes éternelles, avec