Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dante entame toute une narration dont-je ne veux pas critiquer le fonds : c’est affaire aux historiens de la sainte. Mon seul rôle ici est de l’étudier en regard du Dialogue. Il me suffit d’avoir établi que ce récit n’appartient pas à cette lettre et que cette lettre dépend étroitement du Dialogue. J’ai montré déjà que le fait qu’il renferme, le miracle de l’écriture (s’il a existé), a été sans influence sur la rédaction du Livre[1].

  1. C’est ce récit qu’invoquait en troisième lieu Caffarini pour établir le miracle de l’écriture. Nous avons vu ce qu’il fallait penser des deux premiers faits sur lesquels il appelait le témoignage de Maconi : voici ce récit lui-même devenu fort suspect. Ce miracle, la sainte, au dire de ceux qui l’admettent, en aurait été favorisée pour correspondre avec son confesseur : c’est ce qui explique qu’elle se sert toujours de secrétaire pour écrire à d’autres. Mais ce miracle, son confesseur, Raymond de Capoue, ne parait pas l’avoir soupçonné. Lui qui nous a décrit, avec des détails si minutieux et des circonstances si précises, le miracle de la lecture, ne nous dit pas un mot de ce miracle de l’écriture dont il aurait eu les témoignages entre les mains. Il interroge les autres pour connaître des faits dont il n’a pas été témoin et il omet d’utiliser les documents personnels et les faits dont il peut témoigner lui-même.

    Il ignore le fait tout aussi bien que Dom Étienne ignore les feuillets écrits sous ses yeux de la main de Catherine, et la première lettre autographe écrite à son Stefano.

    Le quatrième fait invoqué par Caffarini est la fameuse cédule au cinabre écrite par Catherine au sortir de l’extase et contenant une prière connue. Cette cédule a été remise comme une relique à Caffarini par un prédicateur vénitien, Dom Léonard Pisani, qui la tient de Frère Jérôme de Sienne, un disciple de la sainte, à qui elle aurait été apportée par un messager particulier, per singularem nuntium. Ni Léonard ni Jérôme ne sont là, au procès de Venise, pour attester l’origine de la relique. Pour le singulier courrier, nul ne peut dire son nom ni sa qualité.