Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/67

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cielle s’il n’était manifeste que cette opération révèle moins d’art que de violence.

Dès lors qu’il s’agissait du titre et de la division du livre, si l’on ne voulait pas se contenter de cette appellation de Dialogue qui ne dit rien de son objet, l’on eût pu se souvenir qu’elle éclairait singulièrement sur la nature même de sa composition. Il est un entretien, une conversation. Cette simple remarque eut suffi à faire entendre que ce genre de discours ne relève pas des constructions aux arêtes vives, des formes raides de l’École. Il comporte plus de jeu, plus de liberté, il permet plus de questions incidentes et de retours en arrière.

Sans doute l’on ne trouvait pas dans le corps même de l’ouvrage de division matériellement et graphiquement marquées par des coupes nettes et des arrêts brusques. Mais, avant de lui en imposer une du dehors, il n’eût pas été hors de propos d’examiner si l’auteur ne l’avait pas suffisamment indiquée dès le début et rappelée dans sa conclusion, pour étudier ensuite si le travail ne répondait pas à ces intentions et à ces résultats.

Dans sa Légende Raymond de Capoue avait noté simplement que le livre contient le Dialogue d’une âme avec le Seigneur, où l’âme présente à Dieu quatre demandes, et Dieu lui répond par de très nombreux et très utiles enseignements.

Dès le prélude de ce colloque avec le Père éternel, c’est Catherine qui déclare qu’elle adresse à Dieu quatre prières.

La première pour elle-même, parce que, dit-elle, l’homme ne peut être vraiment utile à son prochain par son enseignement, par son exemple, par sa prière, s’il n’est d’abord utile à soi-même, s’il ne cherche à acquérir la vertu pour soi-même.

À cette demande, la miséricorde divine répond en enseignant à cette âme la discrétion spirituelle que l’on puise dans la connaissance de soi-même et de Dieu, et