Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE X

(144)

De la providence de Dieu à l’égard de ceux qui sont encore dans l’amour imparfait.

Sais-tu, très chère fille, quel moyen j’emploie pour faire sortir l’âme imparfaite de son imperfection ?

Quelquefois je la livre à elle-même, à la multiple variété des pensées qui confusément l’obsèdent, et à l’aridité de son esprit. Il lui semble alors qu’elle est entièrement abandonnée de moi, et qu’elle n’a plus d’affection pour rien ; ni pour le monde, parce qu’en réalité elle n’en a pas ; ni pour moi, croit-elle, parce qu’elle n’éprouve en elle-même aucun sentiment, sauf dans sa volonté, une certaine disposition à ne pas vouloir m’offenser. Cette porte de la volonté libre, je ne donne pas licence aux ennemis de l’ouvrir. Je permets bien aux démons et aux autres ennemis de l’homme, d’enfoncer les autres portes, mais pas celle-là, qui est la principale et dont dépend le sort de la cité de l’âme. C’est au libre arbitre qu’est confiée la garde de cette porte. C’est moi qui l’ai fait libre ; à lui de répondre, à son gré, oui ou non.

Nombreuses sont les portes de cette cité. Mais il en est trois qui ont plus d’importance que les autres.