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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/125

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& allant toûjours, il ſe trouva dans la chambre des amoureux, il y reconnut ſa figure, & il eut le plaiſir d’entendre des diſcours fort paſſionnez qu’il tenoit à Pretintin ; il en loüa la deſtinée, & ce fut une grande conſolation pour luy de penſer que ſa maîtreſſe faiſoit des ſonges qui luy étoient ſi favorables.

Il s’arrêtoit agréablement dans ce lieu-là ; mais qu’elle ſurpriſe pour luy quand il vit Pretintin ſi belle qu’il ne l’avoit jamais vûë plus charmante ; elle luy tendoit la main, & il courut à elle tout tranſporté, & comme il croyoit luy embraſſer les genoux, il ne trouva que l’air, & elle diſparut.

Il la chercha long-temps, & fut dans pluſieurs appartemens, où il vit des choſes plus extravagantes les unes que les autres ; enfin il entra dans une chambre trés agréable, & il apperçut ſur un lit un homme profondement endormi, donr la phyſionomie étoit douce & paiſible.

Il connut que c’étoit Morphée, que les plus malheureux invoquent & appellent à leur ſecours, & qui ſuſpend la rigueur des plus grands maux : ſa cou-