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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/207

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lice que vous me fîtes hier au ſoir. Avez-vous réſolu de ravir Lantine à ce tendre amour que vous avez allumé dans mon cœur. L’Amour ſe prit à rire, & luy avoüa ce qu’il avoit fait. Le Seigneur du Roc affreux le pria de bleſſer Lantine en ſa faveur, s’il n’aimoit mieux le rendre volage ; luy declarant qu’elle ne pouvoit vivre heureux tandis qu’elle luy prefereroit ſon Rival.

L’Amour luy répondit qu’il ne changeroit rien à ſes ordonnances, & qu’il vouloit que la Princeſſe de l’Arabie heureuſe fût au Prince de Sabée, qu’il ne l’importunât plus, & qu’il ſe retirât.

Le Seigneur du Roc affreux trouva cette réponſe auſſi ſéche qu’elle l’étoit, & la ſentit vivement : mais il reſolut en luy même de diſſimuler, & il penſa que l’Amour avoit tant de choſes à faire, qu’il ne pourroit pas toûjours être occucupé de Lantine & de Panpan ; qu’aprés tout il pourroit avoit auſſi quelques bons momens, que d’Enchanteur à Enchanteur il n’y avoit que la main, & que ſouvent le moindre pouvoit embaraſſer le plus grand.

L’Amour ſoûrit, il connut ſa penſée,