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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/43

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La pauvre chaſſeuſe ſe trouva trés-laſſe & avec beauceup de faim, mais elle ne ſavoit plus où étoit la petite proviſion qu’on luy avoit donnée, & de repos elle n’en pouvoit prendre que ſur la terre dure. Elle ſe coucha donc ſous un arbre bien triſtement, elle ne put de long temps dormir ; elle avoit peur, la moindre choſe l’épouvantoit, une feüille qui s’agitoit la faiſoit fremir ; elle tourna, dans cet état miſerable, ſa penſée vers ſon amant, elle l’appella pluſieurs fois, & voyant qu’il luy manquoit dans un fi grand beſoin, ah ! dit elle, en répandant quelques larmes, Phraates, Phraates, vous m’abandonnez. Elle commençoit à s’endormir, quand elle ſentit quelque agitation ſous elle, & il luy ſembla qu’elle étoit dans le meilleur lit du monde. Son ſommeil fut long ſans être interrompu ; elle fut reveillée le matin par le chant de mille Roſſignols, & tournant ſes beaux yeux, elle ſe vit à deux pieds de terre, l’herbe avoit pouſſé ſous ſon beau corps, & avoit pris la vertu de faire une couche delicieuſe. Un grand Oranger jettoit ſes branches ſur elle, pour luy ſervir de pavillon, elle étoit couyerte de ſes fleurs. À côté d’elle,