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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/68

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careſſes qu’il ne luy en avoit jamais fait.

C’étoit un ſpectacle bien touchant de voir ce beau Prince, cette charmante Princeſſe, & ces aimables enfans dans une joye & une tendreſſe qui les tranſportoit hors d’eux-mêmes.

Le reſte du jour s’éccoula ainſi dans ce plaiſir : mais le ſoir étant venu, cette petite famille eut beſoin d’un peu de nourriture. Le Prince croyant prendre du biſcuit, il ſe convertit en pierre : il fut épouvanté de ce prodige, & ſoûpira de douleur, les pauvres enfans pleurerent ; la deſolée mere voulut au moins leur donner un peu d’eau, mais elle ſe changea en criſtal.

Quelle nuit ! ils la paſſerent aſſez mal, ils crurent cent fois qu’elle ſeroit éternelle pour eux.

Dés que le jour parut ils ſe leverent & reſolurent de cüeillir quelques herbes. mais quoy ! elles ſe transformoient en crapaux, en bêtes vinimeuſes ; les oiſeaux les plus innocens devinrent des dragons, des harpies qui voloient autour d’eux, & dont la vûë cauſoit de la terreur. C’en eſt donc fait, s’écria le Prince, ma chere Perſinette, je ne