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Page:Caumont Les Jeux d esprit.djvu/15

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précieuse, en rejetant les influences étrangères, s’obligeait à se suffire à elle-même ; elle travailla donc à épurer le goût. Le culte du beau et du vrai, mais du vrai orné par l’élégance de la forme, fut poussé jusqu’à l’idolâtrie, et la galanterie jusqu’à l’excès, pourvu qu’elle observât les règles du bel amour et de la belle conversation.

Ce n’était pas assurément une ambition vulgaire de vouloir exceller à la fois par l’élévation des sentiments et par la distinction du langage ; ces deux qualités, nous les retrouvons à un degré émment dans la personnification des héros de Clélie et de Cyrus, si magistralement exposée par M. Cousin.

Si la hauteur et la délicatesse des sentiments inhérents aux personnes provenaient des traditions de la chevalerie et de la galanterie du temps, il n’en était pas tout à fait de même de la distinction du langage. Celui qu’on parlait alors à la cour, élégant et poli, mais familier et restreint, avait suffi jusqu’alors aux habitudes des grands seigneurs ; cependant il fallait tirer parti de ce fonds même pour le féconder, l’ennoblir et lui