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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/354

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340 LES ANGES DE LA FAMILLE Le 29 octobre 1849, Marceline adressait à Sainte-Beuve les épreuves des Anges de la Famille en le priant d’user de son influence auprès de ses confrères de l’Académie pour lui faire obtenir un prix. Voici ce qu’elle écrivait à ce propos à son illustre ami : "Je vous envoie ce livre avec un grand serrement de cœur, sans espérer que vous ayez le loisir d’y jeter sérieusement les yeux, et ne me résignant pas à l’idée que votre amitié seule le protège où j’ose l’envoyer. Dieu sait, et vous aussi, n’est-ce pas, si c’est l’orgueil qui me donne un pareil courage ! "Mais je ne voudrais pas, au prix de tout au monde, que votre appui fit gronder votre conscience, et j’aime bien mieux subir toutes les conséquences de la détresse inouïe où le sort me livre, que de tenter votre justice en vous demandant de protéger un mauvais livre. Comme c’est uniquement pour quelque argent que j’ose aspirer à ce que je n’ai jamais souhaité de ma vie, je continuerai de demander l’aumône à Dieu, plutôt que de vous faire mentir une fois, même en faveur de nos souffrances., , (Spolbergh de Lovenjoul, Sainte-Beuve inconnu). Le prix ne fut pas accordé. Cependant, en 1854, sur les conseils de Victor Cousin, Marceline présentait à l’Académie la seconde édition de son ouvrage ; elle obtint, cette fois, le prix Laroche-Lambert. On pourra s’étonner que la seule distinction que l’illustre compagnie ait jamais accordée à la grande poé- tesse, ait précisément récompensé un volume de prose ! (1) Voici en quels termes pleins de grâce Marceline fit part de cette heureuse nouvelle à son amie Marie Babeuf : "La Providence me jette un prix comme on fait pleuvoir sur les plantes qui n’en peuvent plus. La justification de ce prix académique, c’est la Providence elle-même, qui n’y regarde pas de si près pour relever les souffrances. Peu importent les (1) L’édition de 1854 ne devrait pas figurer dans cette Bibliographie de l’œuvre poétique. Nous ne l’y avons admise que pour mieux souligner les différences consi- dérables qu’elle présente avec l’édition de 1849.