Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1836, tome 1.djvu/95

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occasions de remplir les devoirs de mon état, et de recueillir le fruit de mes bons desseins. Ces cris, sans doute, sont ceux d’un infortuné ou d’une infortunée qui a besoin de mon secours et de ma protection. » Aussitôt, tournant bride, il conduisit Rossinante à l’endroit d’où les cris lui semblaient partir. Il n’avait pas fait vingt pas dans le bois, qu’il vit une jument attachée à un chêne, et, à un autre chêne, également attaché un jeune garçon de quinze ans au plus, nu de la tête à la ceinture. C’était lui qui jetait ces cris plaintifs, et non sans cause vraiment, car un vigoureux paysan lui administrait une correction à grand coups d’une ceinture de cuir, accompagnant chaque décharge d’une remontrance et d’un conseil. « La bouche close, lui disait-il, et les yeux éveillés. » Le jeune garçon répondait : « Je ne le ferai plus, mon seigneur ; par la passion de Dieu,