Page:Chézy - Analyse du Mégha-Doûtah, poème sanskrit de Kâlidâsa.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 19 )

Tel est le plan et la marche de ce petit poème, qui, sauf les légers défauts que nous avons indiqués plus haut, nous semble parfait dans son genre. Le goût du poète se décèle jusque dans le rhythme dont il a fait choix ; il tient le milieu entre le grave et le léger, et la coupe du vers est plus agréable que celle du vers héroïque, je veux dire celui que les poètes indiens emploient d’ordinaire dans leurs grandes compositions, et dont les Pourânas, le Mahâbhârata et le Râmâyana nous offrent le modèle. On n’y trouve point non plus de ces monosyllabes oiseux qui ne servent véritablement qu’à soutenir la versification, et dont les poésies de Vyâsa et de Vâlmîki ne sont pas plus exemptes que celles d’Homère.

Le vers de Kâlidâsa se compose d’un molosse, d’un dactyle, d’un tribraque, de deux antibacquiques et d’un spondée ou d’un trochée, la dernière syllabe pouvant être longue ou brève à volonté, et appartient à l’espèce de mètre nommé mandâkrantâ, c’est-à-dire à la marche lente ; dénomination exacte, puisqu’il présente dix longues sur sept brèves. Ce mètre est réglé tout-à-la fois et par le nombre et par la quantité ;

    des deux manuscrits du Mégha-doûtah que possède la Bibliothèque du Roi ; l’un en caractères déva-nâgaris, n.° 114 ; l’autre en caractères bengalis, n.° 115. Au reste, ces deux manuscrits sont horriblement écrits, et défigurés par un nombre infini de fautes.