Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/213

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du seizième siècle comme celle du dix-neuvième l'estime, au coniraire, elle recherche au plus haut degré, pensant qu'après tout, l'oreille doit, aussi hien que l'intelligence, avoir sa part de jouis- sance, et que ce qui charme Tune, ne saurait avoir d'inconvénient pour l'autre. D'ailleurs, au seizième siècle, la poésie et la musique vivaient dans une assez étroite alliance. Ronsard, lui- même, élait passionné pour ce dernier art, et on sait que la plupart de ses sonnets étaient destinés a être chantés ^

Il fallait mesurer la poésie, lui donner des règles lixes, invariahles; c'est ce que tenta Ronsard. Assurément, il n'a pas le mérite d'avoir inventé le rhythme de l'ode; et ses divisions générales ne sont que les reproductions exactes de celles de Pindare: strophe, antistrophe, épode; mais n'est-ce pas déjà quelque chose de très-louahle d'avoir tâché d'approprier l'ode au génie de notre langue, d'avoir su, en empruntant le rhythme grec, con- •server la rime que Daïf avait le tort de vouloir proscrire, et d'avoir enfin inauguré ces formes lyriques, qui ont été conservées jusqu'à nos jours. L'agencement de la strophe, telle que nous la pos- sédons aujourd'hui, est l'œuvre de Ronsard. Tel est

  • Voir la llicse tic M. Eugène Gaiular, déjà citcc.