Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/261

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dais, des citoyens, des magistrats, des législateurs, des rois : l’un, déployant une énergie impétueuse^ mais inégale , ne remédiait qu’à des abus dont il laissait subsister les sermes sans cesse renaissans; l’autre, développant une énergie plus calme, plus lente, mais plus sûre, extirpe en silence la racine de ces abus : le premier, influant sur les mœurs , demeurait étranger aux lois ; le second, épurant par degrés les idées et les opinions , influe en même temps, et sur les lois et sur les moeurs : enfin l’un, séparant , divisant même les citoyens, diminuait la force publique; l’autre, les rapprocliant, accroît cette force par leur union.

C’est cet amour de l’ordre qui , mêlé parmi nous à l’amour naturel des Français pour leurs rois, a produit, et, pour ainsi dire, composé ces grandes âmes des Turenne , des Montausier , des Catinat , l’honneur à la fois et de la France et de l’humanité: caractères imposans où respire ^ à travers les moeurs et les idées françaises, je ne sais quoi d’antique, qui semble transporter Rome et la Grèce dans le sein d’une monarchie; mélange heureux de vertus étrangères et nationales qui, semblables en quelque sorte à ces fruits nés de deux arbres différens adoptés l’un par l’autre, réunissant la force et la douceur, conservent les avantages de leur double origine. Que ceux qui regrettent les siècles passés, cherchent de pareils caractères dans notre ancienne chevalerie !

Quoiqu’il en soit, on convient qu’en général