Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/291

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, DE CÎTAMFOr.T. 267

Messieurs , à d'assez grandes vexations. Il fallait donc tenir à des corps , à des compagnies ; car, là où la société générale ne vous protège point , il faut bien être protégé par des sociétés partielles ; là où l'on n'a pas de concitoyens, il faut bien avoir des confrères ; là où la force publique n'était souvent qu'une violence légale , il convenait de se mettre en force pour la repousser. Quand les voyageurs redoutent les grands chemins, ils se réunissent en caravane.

Tels étaient les principaux motifs qui faisaient recliercher l'admission dans ces corps; le gouver- nement refusant quelquefois cet honneur à des hommes célèbres dont les principes l'inquié- taient , ces écrivains , aigris d'un relus qui exagé- rait un moment à leurs yeux l'importance du fauteuil, mettaient leur amour-propre à triompher du gouvernement. On en a vu plusieurs exemples ; et voilà ce qui explique des contradictions inex- plicables pour quiconque n'en a pas la clé.

Qi^ jamais s'est plus moqué , surtout s'est mieux moqué de l'académie française que le président de Montesquieu dans ses Lettres Persanes? Et cependant , révolté des difficultés que la cour op- posait à sa réception académique , pour des plai- santeries sur des objets plus sérieux , il fit faire une édition tronquée de ces mêmes lettres où ces plaisanteries étaient supprimées : ainsi , pour pouvoir accuser ses ennemis d'être des calomnia- teurs , il le devint lui-même , il commit un faux.

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