Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/294

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S-yO OEUVRES

public, quelque peu coûteux qu'il puisse être; car nous rendons cette justice à l'académie fran- çaise, qu'elle entre pour très-peu dans le déficit , et qu'elle est la moins dispendieuse de toutes les inutilités.

Puisque personne ne se permettra les objec- tions absurdes que leur seul énoncé réfute suffi- samment , nous avons d'avance répondu à ceux qui croient ou feignent de croire que le main- tien de ces prix importe à l'encouragement de la poésie et de l'éloqueuce. iMais qui ne sait ce qu'on doit penser de l'éloquence académique ? Et puis- qu'elle était mise à sa place , même sous le despo- tisme, que paraîlra-t-elle bientôt auprès de l'élo- quence vivante et -animée , dont vous avez mis l'école dans le sanctuaire de la liberté publique ? C'est ici, c'est parmi vous. Messieurs, que se formeront les vrais orateurs ; c'est de ce foyer que jaillironi quelques étincelles qui même animeront plus d'un grand poète. Leur ambition ne se bor- nera plus à quelques mallieureux prix acadé- miques, qui à peine depuis cent ans ont fait naître quelques ouvrages au-dessus du médiocre. 11 ne faut point appliquer, aux temps de la libellé , les idées étroites connues aux jours de la servitude. Vous avez assuré au ^énie le libre exercice et l'u- tile emploi de ses facultés; vous lui avez fait le plus beau des présens ; vous l'avez rcmdu à lui ; vous l'avez mis, comme le peuple , en état de se pro- téger lui-même. Indépendamment de ces prix que

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