Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/111

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lOO OEUVRES

homme a des droits sur vous, il vous a manqué devant moi ; je ne le souffrirai pas. Qu’il vous mal- traite quand vous êtes seule : mais, en ma pré- sence, c’est me manquer à moi-même.»

— J’étais à table à côté d’un homme, qui me demanda si la femme qu’il avait devant lui, n’é- tait pas la femme de celui qui était à côté d’elle. J’avais remarqué que celui-ci ne lui avait pas dit un mot; c’est ce qui me fit répondre à mon voisin • « Monsieur, ou il ne la connaît pas, ou c’est sa femme. »

— Je demandais à M. de.... s’il se marierait. « Je ne le crois pas, me disait-il ; » et il ajouta en riant: « La femme qu’il me faudrait, je ne la cherche point,

• je ne l’évite même pas. »

— Je demandais à M. de T.... pourquoi il négli- geait son talent, et paraissait si complètement in- sensible à la gloire; il me répondit ces propres paroles :« Mon amour-propre a péri dans le nau- frage de fintérêt que je prenais aux hommes. »

— On disait à un homme modeste : « Il y a quel- quefois des fentes au boisseau sous lequel se ca- chent les vertus. »

— M...., qu’on voulait faire parler sur différens abus publics ou particuliers, répondit froidement : <f Tous les jours j’accrois la liste des choses dont je ne parle plus. Le phis philosophe est celui dont la liste est la plus longue. »

— « Je proposerais volontiers, disait M. D...., je proposerais aux calomniateurs et aux méchans