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surrection. En effet, si le prince de LambesCj fi- dèle aux ordres que sans doute il avait reçus, se fût contenté de dissiper la foule de ceux qui suivaient les bustes de MM. d’Orléans et Necker, il eût paru n’avoir fait que son devoir en répri- mant un désordre et des attroupemeiis nouveaux, dangereux pour la tranquillité publique. C’est ainsi qu’en aurait jugé du moins cette classe tou- jours nombreuse d’hommes imprévoyans et ti- mides qui, dans leur simplicité de citadins, sont bien loin de soupçonner les perfides complots qui se trament autour des rois. Peut-être, sans l’effervescence subite et universelle occasionnée par l’incursion du prince de Lambesc, le minis- tère aurait pu, dans les deux jours suivans, assu- rer le succès des mesures déjà préparées contre la capitale: il ne s’agissait que de la tenir quelque temps dans cet état intermédiaire entre l’espé- rance et la crainte, qui laisse les inquiétudes, sans permettre les partis violens. C’est l’effet que les ministres attendaient d’une proclamation affichée partout, dans laquelle ils présentaient l’arrivée des troupes royales comme une précaution de prudence nécessaire au maintien de l’ordre, un secours contre les brigands. La proclamation n’a- joutait pas que les brigands avaient été soudoyés par les ministres même, pour occasionner ces dé- sordres, et leur fournir un prétexte d’appeler des régimens autour de Paris et de l’assemblée natio- nale, qu’on parlait de. transférer à Soissons ou k