Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/252

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DF CHAMFORT. 2/1

un brigandage qui servait de prétexte à l’intro- duction des soldats et d’une force armée suffi- sante pour réprimer le désordre. On en tirait un prétexte non moins spécieux, celui de calomnier le peuple, en comprenant dans ce mot collectif peuple la foule de malfaiteurs qui abondent tou- jours dans une capitale immense, et que multi- plient encore les abus d’un gouvernement pervers: odieuse confusion d’idées dont le despotisme a lire grand parti en faisant illusion au plus grand nombre des citoyens honnêtes vivant de leurs propriétés ou de leur industrie, qui s’accoutu inaient à ne voir dans la multitude qu’un ramas d’hommes dangereux contre lesquels il n’existait qu’un rempart, l’autorité arbitraire, seule capable de les contenir. Mais, au heu de les contenir, elle avait plus d’une fois pris le parti de les soudoyer C’est ce qu’on avait fait un mois auparavant, lorsqu’une troupe de bandits pilla dans le fau- bourg Saint -Antoine les maisons des sieurs Henriot, salpétrier, et Réveillon, manufacturier in- telligent; deux citoyens honnêtes, dont l’industrie faisait vivre un grand nombre d’ouvriers, et qui se trouvèrent ainsi ruinés, eux et leurs locataires, par cet acte de brigandage commis en plein jour. On avait vu une troupe de mille à douze cents hommes armés de bâtons, démolir une maison de fond en comble, brûler tranquillement les ate- liers, des magasins, porter l’effigie d’un citoyen jusqu’à l’hôtel-de-ville, en observant dans cette ij. i6