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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/389

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chassés de la cour et de la France, l’une par la France, l’autre par la cour?

Les jeux du théâtre vont-ils plus loin que ceux de la fortune dans le concours de circonstances qui rapprochent ces deux perionnages, dont l’une dit à l’autre ; « Je vous ai fiait chasser, et je suis chassée à mon tour; c’est moi qu’on bannit, et c’est vous qu’on rappelle. Allez, soyez l’idole de la nation, jusqu’à ce que... » Le ministre n’avait pas long-temps à î’eh-e. Mais si son règne fut court, il fut au moins brillant. Accueilli partout avec l’ivresse de l’enthousiasme, il est instruit dans sa route du danger que court M. de Besenval ; il im- plore pour lui l’indulgence du peuple, il se rend en quelque sorte garant de son innocence. Ce ne fut pas sans doute une médiocre surprise pour M. Necker de voli" la commune de Villenauce ren- voyer cette demande à la décision de l’assemblée nationale, et en attendant retenir le prisonnier sous bonne garde. L’arrivée du ministre à Ver- sailles fut un triomphe, à Paris une fête. Le même sentiment parut animer le roi, l’assemblée natio- nale, Paris, la nation. Il étoit bien difficile que M. Neclier ne crût pas au succès d’une demande qu’il adresserait au peuple. Une absence de dix-sept jours lui avoit dérobé la connoissance de ceschan- gemens rapides dans l’opinion, dans les idées, dans les intérêts variés et mobiles des différens partis; connoissance sans laquelle il est impossible de ne pas s’engager en quelques fausses démarches.