Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/441

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Voilà donc Charles, contraint, an nom de la religion, d’être parjure, faisant la guerre au roi Jacques, contre sa conscience et la foi des ser- niens, et vainqueur, malgré lui-même, ména- geant son ennemi dans ses victoires, pour se faire pardonner son infidélité.

Pendant cette guerre, Alphonse meurt ; et Jac- ques son frère, souverain excommunié de deux royaumes en interdit, passe en Espagne pour se faire couronner roi d’Aragon.

Jacques se voyait deux puissans ennemis à com- battre ; Charles n, roi de Naples, et Philipps-le- Bel. Le pape avait relevé le premier de la foi des sermens comme d’un crime, et offrait au second la Sicile pour le comte de Valois, son fils: cette dangereuse position força Jacques à prendre le parti de sacrifier un de ses états pour se con- server l’autre ; il renonça à la Sicile en faveur du roi de Naples.

Ce fut treize ans après les vêpres siciliennes, après treize ans d’une guerre défensive et meur- trière, que cette île malheureuse apprit la nou- velle effrayante d’un tiaité qui la rendait à la / maison d’Anjou. Elle en frémit. La consternation

y fut générale et causa le même effroi que la nou- velle des vêpres siciliennes avait produit chez la nation qui en fut la victime. Les Etats assem- blés en tumulte se hâtèrent d’élire pour leur roi, Frédéric, troisième fils de Pierre d’Aragon.

Boniface ne fut pas plutôt informé de la nou-