Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/62

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DE CHA.MFORT. Si

— Le chevalier de Moiitbarcy avait vécu dans je ne sais quelle ville de province; et, à son re- tour, ses amis le plaignaient de la société qu’il avait eue. «C’est ce qui vous trompe, répondit-il; la bonne compagnie de cette ville y est comme par tout, et la mauvaise y est excellente. )>

— Un paysan partagea le peu de biens qu’il avait entre ses quatre fils, et alla vivre tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. On lui dit, à son retour d’un de ses voyages chez ses enfans : « Eh bien ! comment vous ont-ils reçu? comment vous ont- ils traité ? — Ils m’ont traité, dit-il, comme leur enfant. » Ce mot paraît sublime dans la bouche d’un père tel que celui-ci. »

— Dans une société où se trouvait M. de Schwa- low, ancien amant de Timpératricii Elisabeth, on voulait savoir quelque fait relatif à la Russie. Le bailli de Chabrillant dit:«M. deSchwalow, dites- nous cette histoire ; vous devez la savoir, vous qui étiez le Pompadour de ce pays-là. »

— Le comte d’Artois, le jour de ses noces, prêt à se mettre à table, et environné de tous ses grands officiers et de ceux de madame la comtesse d’Artois, dit à sa femme, de façon que plusieurs personnes l’entendirent: «Tout ce monde que vous voyez, ce sont nos gens. » Ce mot a couru ; mais c’est le millième; et cent mille autres pareils n’em- pêcheront jamais la noblesse française de briouer en foule les emplois où l’on fait exactement la fonction de valet.