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DE CHAMFORT. 187

» des tyrans. Ainsi, un cultivateur voit une plante » vicieuse qui enveloppe tout le tronc et qui s'est » enlacée dans tous les rameaux d'un arbre fer- » tile et salutaire; et après de vains efforts pour » la séparer de la substance où elle s'est insérée » et comme confondue, le cultivateur, oubliant de » quel prix est pour lui l'arbre qu'il se résout d'a- » battre, s'arme pour. la destruction du tout, et » renverse ce qui est bon pour anéantir ce qui » est mauvais. »

On ne peut nier que ce ne soit là l'histoire exacte de la guerre entre la religion et la philoso- phie : il est temps que la paix se fasse , et il est pro- bable que le présage de jNI. l'abbé Lamourette sera accompli. « Jamais, dit-il, la religion ne fut haïe » pour ce qu'elle est; elle n'a été combattue que » pour ce qui n'est pas d'elle : on accusait la phi- » losophie d'avoir juré la ruine de la religion et » l'abolition du ministère évangéliquc , Tcîxtinc- » tion de tout sacerdoce et de tout culte ; on pré- » disait que, si jamais elle parvenait à s'emparer » de la force publique, on la verrait proscrire ou- » vertement le christianisme. Vous avez vu, et » vous voyez encore aujourd'hui la force publique » à la disposition de la philosophie; et la philc- » Sophie, loin de tourner sa puissance contre la » religion , l'emploie tout entière à la régénération » du christianisme et de son sacerdoce. » On voit que M. l'abbé Lamourette n'a pas changé d'opinion sur l'avantage que la religion tire de la réforme

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