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DE CH\MFOIlT. I 89

faite pour l'homme, et non l'homme pour la re- ligion*; et pour qu'on ne croie pas que c'est là une idée purement philosophique, appartenant à l'es- prit qui domine de nos jours, citons encore ce même philosophe , qui a si souvent combattu l'incrédulité.

» Retenez ceci, dit jM. Bonnet (i); Dieu n'est » point l'objet direct de la religion, c'tst l'iiomme ; >^ la religion a été donnée à l'homme pour son » bonheur : toutes les facultés de l'homme ont » pour dernière fin la société ; elle est l'état le plus » parfait de l'homme. La religion se rapporte donc » en dernier ressort à la société, comme le moyen » à sa fin. Des hommes qui seraient fâchés qu'on » ne leur crût pas une âme raisonnable , pensent » que la société est faite pour la religion ; ils veu- » lent en conséquence que l'on sacrifie à la reli- V gion des biens que Dieu avait destinés dans sa » sagesse au bonheur de la société. La montre » est-elle pour le ressort? le vaisseau est-il pour » les voiles? »

��(1} La différence de communion entre M. Bonnet et les catlio- liques r e saurait diminuer le poids de son opinion , puisque son église admet quelquesftns de nos mystères les plus impénétrables , auxquels il paraît aussi attaché que peut l'être le catholique le plus croyant.

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