Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/213

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DE CHAMFORT. 1 Sq

pour voir son livre condamné en Sorbonne; et il continua de jouir de son crédit attaché à sa place, de calomnier, auprès de la reine sa pénitente, les honnêtes gens qui détestaient ces maximes, et les écrivains qui les dévouaient à l'exécration publique. C'est ainsi que le cardinal du Perron allait perdre l'avocat-général Servin, en le repré- sentant comme un sacrilège qui voulait qu'on violât le sacrement de la confession , dont le secret fait la base. Servin, mandé à la cour, répondit aux reproches de la reine , en montrant le Direc- toire des inquisiteurs , de i585, qui contient la forme dont, à l'inquisition , on procède contre les rois, et la manière secrète dont on peut leur ôter la vie. La cour frémit en lisant ces horreurs , et remercia Servin.

Cette conduite de la Sorbonne , sous le syn- dicat de nicher, est le beau moment de cette société ; c'est une époque honorable pour elle. Elle parut encore s'en souvenir en 16G4, lors- qu'elle condamna un livre de jésuite, qui établis- sait encore ces maximes de suprématie pontificale. Le jugement de la Sorbonne déplut au pape Alexandre vir. Le pontife adressa à Louis xiv un bref, où il lui demanda la suppression de ce dé- cret. Ce bref, jugé scandaleux, fut condamné par le parlement; l'avocat-général Talon composa un réquisitoire où il passait en revue les excès de Rome, et donnait une liste des papes qui avaient erré dans la morale et dans la foi. Louis xiv avait

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