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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/151

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DE CHAMFORT. 1 43

La seconde manière est encore préférable à celle-là; car alors le crime n'a rien de scélérat, et la reconnaissance est très-pathétique.

La meilleure de toutes ces manières , c'est la troisième, qu'Euripide a suivie dans son Cres- phoiite , où Mérope reconnaît son fils comme elle va le tuer; et dans son Iphigéme ^ où cette prin- cesse reconnaît son frère lorsqu'elle va le sacrifier: c'est ainsi que, dans XHéllè ., Phryxus reconnaît sa mère sur le point de la livrer à ses ennemis.

On voit par là que peu de familles peuvent four- nir de bons sujets de tragédie ; la raison de cela est que les premiers poètes, en cherchant des su- jets, ne les ont pas tirés de leur art , mais les ont empruntés de la fortune , dont ils ont suivi les caprices dans leurs imitations. Voilà pourquoi les poètes modernes sont forcés d'avoir souvent re- cours à ces mêmes familles , dans lesquelles la fortune a permis que tous ces grands malheurs soient arrivés.

DÉLIBÉRATIOJN^.

On entend ici par le mot de délibération , non pas ces incertitudes où se livre un personnage combattu par les divers mouvemens de sa pas- sion, comme dans le monologue où Rodrigue ba- lance entre son amour et son devoir; celui où Emilie délibère sur le péril où elle expose Cinna ; la scène où Auguste est certain de ce qu'il doit

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