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lyrique ; le moment tranquille , et le moment pas- sionné : et le premier soin du compositeur a dû consister à trouver deux genres de déclamation essentiellement différens, et propres , l'un à ren- dre le discours tranquille , l'autre à exprimer le langage des passions dans toute sa force , dans toute sa variété et dans tout son désordre.

Cette dernière déclamation porte le nom d'air ; la première a été appelée le récitatif. Celui-ci est une déclamation notée, soutenue et conduite par une simple basse , qui se faisant entendre à chaque changement de modulation, empêche l'ac- teur de détonner.

Lorsque les personnages raisonnent, délibèrent, s'entretiennent et dialoguent ensemble , ils ne peuvent que réciter. Rien ne serait plus faux, que de les voir discuter en chantant, ou dialoguer par couplets», en sorte qu'un couplet devint la réponse de l'autre.

Le récitatif est le seul instrument propre à la scène et au dialogue. Il ne doit pas être chantant; il doit exprimer les véritables inflexions du dis- cours , par des intervalles un peu plus marqués et plus sensibles que la déclamation ordinaire, du reste, il doit en conserver la gravité et la rapidité, et tous les autres caractères. Il ne doit pas être exécuté en mesure exacte ; il faut qu'il soit aban- donné à l'intrUigence et à la chaleur de l'acteur, qui doit se hâter ou se ralentir , suivant l'esprit de son rôle ou de son jeu. Un récitatif qui n'au- IV. i5

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