Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/152

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l48 OEUVRr.S

Parlez. — Eii bien I c'est aous, puisqu'il faut vous !e dire . »

Le {ihilosophe , au comble de ses vœux, Sentit... que sais-je , moi! ce que l'amour inspire. Quand , par Ijoulieur pour lui , le sage est amoureux.

��L\ JOUISSANCE TARDIVE.

Je te disais: « Cloé , prends mes leçons, prends-moi ;

Tu ris : de nos beaux jours il n'est qu'un seul emploi ;

Use de ton printenijis : chasteté . c'est vieillesse ,

Pour les femmes surtout. » Cloé ne m'a point cru;

Les roses de son teint, hélas! ont disparu :

Elle connaît l'erreur de sa triste sagesse.

Moins belle et plus sensible , au inidi de ses ans,

Elle res>enl Tinjure et le bienfait du temps.

Elle gagne, elle perd, et (compte avec son âge.

Plus de fête: elle fuit les vains amusemcns;

Il lui faut des plaisirs et non des pusse-temps.

Le passe-temps l'ennuie, un soupir la soulage;

Pclisive, son miroir, moins entouré d'amans,

Lui parle du passé , lui dit : « C'est bien dommage ! »

Ln désir in(piiet le lui dit davantage.

J'ai vu toniber sur moi ses regards languissans.

J'ignore si je pL.is; je vois que j'intéresse :

Sa longue indilTérence est un poids <pii l'oppresse.

A mes vœux négligés elle accorde un regret,

lies sens aitlent son cœur à trahir son secret;

Son repentir tardif ressemble à la tendresse.

«Ma Cloé, jouissons: près de loi ranime ,

Mon cœur, mes souvenirs te rendent la jeunesse ;

Donne-moi ce que j'aime , ou hier» ce que j'aimai. »

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