Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/165

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DE CITAMFÛRT. iQf

— Mais d'où vient, parlez-moi sans feiule, Ne in 'apportez-vous de sa part ,

Ni vrai morceau de la croix sainte, Ni perles fines , ni brocard ?

— Je n'ai brocard , ni perle fine ; Tout ce que j'ai pour vous, hélas ! C'est qu'aux champs do la Palestine Votre époux attend le trépas.

A ces mots, Hélène éperdue Remplit le château de ses cris ; Les pleurs ont obscurci sa vue , La douleur trouble ses esprits.

— « Oh, pèlerin ! malheur t'adviennc. Pour m'avoir dit ces mots affreux!

M ais ne vas pas penser qu'Hélène

Demeure oisive dans ces lieux.

Dût ma funeslc impatience

Aggraver l'horreur de mon sort.

Je jouirai de la présence

De mon époux vivant ou mort.

Page chéri, je t'en conjure,

Cherche-moi, dans tout le canton ,

D'un pèlerin l'humble chaussure,

La robe grise et le bourdon.

Que ces réseaux d'or et de soie ,

Ces franges, ces rubans, ces fleurs,

Tous ces atours faits pour la joie ,

Cessent d'insulter à mes pleurs.

Coupe ma longue chevelure,

Prends mon collier, prends mes bijoux.

Quelque fatigue que j'endure,

Je veux aller voir mon époux.

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