22 . ŒUVRES
généial , on peut remarquer qu.'il y a un luxe de poésie plus grand dans Rousseau , plus de har- diesse dans son expression , une marche plus dé- cidée. Pden de beau comme cette comparaison :
La Palestine enfin , après tant de ravages,
Vit fuir ses ennemis , comme on voit le? nuages
Dans le vague des airs fuir devant l'Aquilon, etc.
Et quelle grandeur dans cette idée !
Semblait dans leur enceinte ,►
D'un royaume éternel jeter les fondemens.
Dans Racine , règne une majesté plus noble et plus calme , une harmonie peut-être plus mélo- dieuse , plus soutenue. Quelle superbe image dans ce.seulv^rs!
Et le Icinplc déjà sortait de ses ruines.
Que résulle-t-il de ce que nous disons ? c'est qu'en parlant des deux auteurs , nous avons ca- ractérisé presque le style propre des genres dans lesquels ils ont écrit. Esthcr , parlant à Assuérus, est plus pressée d'exposer le sujet de sa plainte , et n'a pas le temps d'accumuler des comparai- sons ; mais le poète lyrique, livré tout entier à son enthousiasme , s'abandonne à tous les écarts de l'imagination, et passe d'une idée à l'autre, à mesure que la ressemblance des ol^jets qui l'cnvi-
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