Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ag4 oïdVRFS

quoi servirait-il? S'il n'y en a pas encore qui pré- sente, sous tous les points de vue, cette intéressante question, il en existe un grand nombre qui, par leur réunion , l'éclaircissent suffisamment. En ef- fet, de quoi s'agit-il? d'un procès entre vingt-quatre millions d'hommes et sept cent mille privilégiés (*). J'entends dire que la haute noblesse forme des li- gues, pousse des cris, etc : c'est ici, je crois, qu'on peut accuser la maladresse de la plupart des écri- vains qui ont manié cette question. Que n'ont-ils dit aux grands privilégiés : «Vous croyez qu'on vous attaque personnellement, qu'on veut vous atta- quer; point du tout. Une grande nation peut élever et voir au-dessus d'elle quelques familles distin- guées, trois cents, quatre cents, plus ou moins ; elle peut rendre cet hommage à d'antiques servi- ces, à d'anciens noms, à des souvenirs ; mais, en conscience, peut-elle porter sept cent mille anoblis, qui, quant à l'impôt, quant à l'argent, sont aux mêmes droits que les Montmorency et les plus anciens chevaliers français? Plaignez-vous de la fa- talité qui fait marcher à votre suite cette épouvan- table cohue; mais ne brûlez pas la maison qui ne peut la loger. Né sommes - nous pas accablés ^ anéantis , sous cette même fatalité qui enfui a mis en péril ce que vous appelez vos droits et vos privi- cges? Ne voyez- vous pas qu'il faut nécessairement

��( * ) n n'y en avait pas 100,000 ; mais on en croyait 700,000. ( Note de l'i/iifrrir.J

�� �