Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/346

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— Et vous l'abandonneriez !

— N'a t-il pas été terroriste ?

— Oui, jusqu'à la menace ; non, jusqu'aux ac- tions. Il croyait nécessaire de paraître terrible , pour éviter d'être cruel. Il s'est arrêté, quand il a Ml la férocité frapper avec les armes que le pa- triotisme alarmé ne voulait que montrer. Le con- fondrie2-vous avec les liommes de sang ?

— Non ; mais je ne le mettrai pas non plus au nombre des esprits sages qui ont prévu les consé- quences des déclamations incendiaires, ni des âmes courageuses qui ont travaillé à empêcher les fu- reurs populaires, ni même des âmes sensibles qui en ont constanmaent gémi. N'est-ce pas lorsque la terreur i'a atteint lui même, qu'il a cessé d'applau- dir au terrorisme ?

— C'est bien avant : et il ne s'est pas borné au silence ; il a fiappé sur le terrorisme , dès qu'il l'a vu cruel , comme il l'avait fait sur le despotisme dans tous les temps, et sur le modérantisme quand il l'a cru dangereux. Ignorez- v^ous qu'il fut mis en arrestation pour avoir refusé à Ilérault-Sécliclles d'écrire contre la liberté de la presse? N'avez- vous pas entendu citer ce mot qui lui échappa au sujet de la fraternité , que les tyi;uis proclamaient sans cesse : «Ils parlent, dit-il, de [•Afraiernitc d'Etéocle M et de Polynice. » Ce fut lui qui, entendant déplo- rer l'indifférence du public pour leschefs-d'œuvres de la scène tragique, l'explicpia en ces mots : « La » tragédie ne fait plus d'elfct depuis qu'elle court

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