Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/371

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I»E CHAMFORT. 3^1

à la victoire de Thersite sur Achille. Vous savez l'épreuve que je crois décisive et mortelle pour le pauvre saint (je ne le nomme pas autrement à elle - même). Vous avez bien marqué la nuance dans votre joli conte ; mais vous n'en avez pas assez tiré de parti ; en ce genre , comme en beau- coup d'autres , prophétiser , c'est amener l'événe- ment. Avec tout cela , mon ami , je vous aime trop pour ne pas craindre de voir la moindre parcelle de votre bonheur abandonnée au hasard et à l'in- constance de ce sexe. Vous avez trop de raison pour être très-romanesque ; vous avez l'imagina- tion trop ardente et le cœur trop essentiellement bon pour ne l'être pas un peu. Aussi douté-je que votre philosophie vous serve aussi bien pour les femmes que sur tout autre sujet. Quant à mes observations personnelles, je réunis le témoignage unanime de toute l'antiquité, qui , je crois, a poussé infiniment plus loin que nous la science de l'observation et îa connaissance du cœur hu- main. Je me sens bien fort. Or , vous savez ce qu'ils pensaient des femmes , de ce sexe qui pour- tant a eu de leur temps des prodiges ^ parce que la propriété d'un miroir est de tout rendre en surface. Je ne vous parlerai pas des invectives que, très-sérieusement et dans toute la pompe tra- gique , dans la morale des chœurs, et non dans la coupe du dialogue dramatique , Euripide , qu'on a si plaisamment appelé le Racine de la Grèce , leur lançait en plein théâtre ; ce qui prouve tout

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