ce pauvre mollah ; et souviens-toi aussi de nos nouvelles danses. Rhédi, qui les invente, n’a que cela pour vivre. Voilà quels sont aujourd’hui mes caprices ; tu vois qu’ils feront des heureux.
Hatimthai se retire, et appelle Ricca. C’est le poète de ses spectacles ; les opéras qu’il compose sont brillans d’esprit dans le dialogue, de féerie dans l’action, et de magie dans les décorations. Ils excitent la surprise au plus haut degré.
— Ricca, lui dit Hatimthai, j’ai vu Saphar ; il est heureux à lui seul : c’est le philosophe le plus sage.
— T’a-t-il dit, répond Ricca, ce que son père est devenu ?
— Non, mais il lui coûte peu de chose.
— Il est vrai ; toutefois son père était un des riches marchands de ton empire ; devenu vieux et aveugle, il avait compté sur son fils pour tenir ses livres, régler ses paiemens et défendre ses intérêts. Lorsque Saphar se mit à composer dans les forêts, son père fut obligé de prendre un commis à sa place. Il en eut un infidèle, qui l’a trompé ; et il ne s’en est aperçu que lorsque sa ruine a été complète. Il a abandonné ses biens qui n’ont pas suffi au paiement de ses créanciers ; il est aujourd’hui commis lui-même chez un de ses anciens amis ; et