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Les Voyages de Champlain.
1604 !" vaiffeaux en feureté. L’entrée eût large de huid cens pas : puis on entre dedans vn port qui a deux lieux de long & vne lieue de large, que i’ay nommé (1) port Royal, où deûfendent trois riuieres, dont il y en a vne allez grande, tirant à l’eût, appellée la riuiere de l’Equille, qui eût vn petit poiûûon de la grandeur d’vn Efplan, qui s’y peûche en quantité, comme auûTi on fait du Harang, & pluileurs autres fortes de poiûfon qui y font en abondance en leurs faifons. Celte riuiere a prés d’vn quart de lieue de large en fon entrée, où il y a vne ifle (2), laquelle peut contenir demye lieue de circuit, remplie de bois ainii que tout le reûte du terroir, comme pins, fapins, pruches, boulleaux, trambles, & quelques chefnes qui font parmy les autres bois en petit nombre. Il y a deux entrées en ladite riuiere l’vne du coûté du nort(3) : l’autre au fude l’ifle (4). Celle du nort eût la meilleure, où les vaiffeaux peuuent mouiller l’ancre à l’abry de l’iile à 5.6. 7. 8. & 9. bralTes d’eau : mais il faut fe donner garde de quelques baffes qui font tenant à Tille, & à la grand terre, fort dangereufes, li on n’a recogneu Tachenal.
Nous fufmes quelques 14. ou 15. lieux où la mer monte, & ne va pas beaucoup plus auant dedans les (1) « Ledit port pour fa beauté, » dit Lescarbot, « fut appelé Le Port Royal, non par le choix de Champlein, comme il fe vante en la relation de fes voyages, mais par le iîeur de Monts, Lieutenant du Roy. » (Liv. iv, ch. ni.) — N’en déplaise à Lescarbot, le témoignage de Champlain, qui était du voyage, vaut, pour le moins, autant que le sien. Il y a plus : Champlain, dans son édition de 1632, a conservé ce passage tel qu’il était, malgré la remarque de Lescarbot. Du reste, notre auteur ne manque jamais de rendre justice aux autres en pareille matière ; c’est ainsi, par exemple, qu’il fait remarquer à plusieurs reprises que la baie Française a reçu son nom de M. de Monts. (Voir ci-dessus, pp. 12 et 16.)
(2) Dans la carte de Lescarbot, cette île porte le nom de Biencourville. Elle a été appelée plus tard l’île aux Chèvres.
(3) La Bonne-Passe.
(4) La Passe-aux-Fous.
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