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monuments historiques.

reste donc à examiner si le Thoutmosis II des monuments et le Miphra de Manéthon, n’est point en effet le Mœris d’Hérodote, de Strabon et de Diodore de Sicile. Ce dernier historien ne met que l’intervalle de sept générations entre Mœris et Sesoosis[1] ou Ramsès le Grand (Sésostris) ; c’est donc en effet dans la XVIIIe dynastie que nous devons chercher Mœris. Or la somme des règnes entre Thoutmosis II et Ramsès le Grand, concorde assez exactement avec la durée des sept générations que Diodore place entre ces deux grands princes. Leur identité est encore mieux prouvée, par celle des noms de ΜΙΦΡΗΣ, ΜΕΦΡΙΣ, ΜΙΦΡΑ, ΜΑΡΗΣ, ΜΟΙΡΙΣ, ΜΥΡΙΣ, qui, privés de leur désinence grecque, et ramenés à leur forme égyptienne (ⲙⲁⲣⲏ, ⲙⲟⲓⲣⲏ, ⲙⲟⲓⲫⲣⲏ) et prononcés Marè, Mari, Mirè, Mœrè, Miphrè, Mœphri ou Miphra, exprimeront toujours une seule et même idée, donné par le Soleil, Don de Ré ou de Phré (Le-Soleil), ce dernier nom recevant alors l’article. Le Thoutmosis II des monuments, appelé Miphrès par l’historien de Sébennytus, est donc ce fameux roi Mœris qui creusa le grand lac dans le nome des crocodiles, qui surpassa en magnificence tous ses prédécesseurs en élevant de superbes propylées dans Memphis, et dont j’ai reconnu les légendes royales sur les pilastres de granit à Karnac, sur

  1. Diod. du Sic., hist. liv. I, chap. 53.