Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/150

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conclus donc qu’à notre retour nous pourrons dessiner les bas-reliefs historiques, en travaillant par escouades de quatre (pour ne pas dépenser trop d’air), et pendant deux heures le matin et deux heures le soir. Ce sera une rude campagne ; mais le résultat en est si intéressant, les bas-reliefs sont si beaux, que je ferai tout pour les avoir, ainsi que les légendes complètes. Je compare la chaleur d’Ibsamboul à celle d’un bain turc, et cette visite peut amplement nous en tenir lieu.

Nous avons quitté Ibsamboul le 28 au matin. Vers midi, je fis arrêter à Ghébel-Addèh, où est un petit temple creusé dans le roc. La plupart de ses bas-reliefs ont été couverts de mortier par des chrétiens qui ont décoré cette nouvelle surface de peintures représentant des saints, et surtout saint Georges à cheval : mais je parvins à constater, en faisant sauter le mortier, que ce temple avait été dédié à Thôth par le roi Horus, fils d’Aménophis-Memnon, et je réussis à faire exécuter les dessins de trois bas-reliefs fort intéressants pour la mythologie : nous allâmes de là coucher à Faras. Le 29, un calme presque plat ne nous permit d’avancer que jusqu’au-delà de Serré, et le 30, à midi, nous sommes enfin arrivés à Ouadi-Halfa, à une demi-heure de la seconde cataracte, où sont posées nos colonnes d’Hercule.