Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/173

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sont le portrait de la reine Arsinoë, laquelle a une tête évidemment de race grecque : mais la chose est bien plus frappante encore sur les anciens monuments (les pharaoniques), où les traits des souverains sont de véritables portraits.

Le 18 au soir nous descendîmes à Amada, où nous restâmes jusqu’au 20 après midi. Là j’eus le plaisir d’étudier à l’aise et sans être distrait par les curieux, vu que nous étions en plein désert, un temple de la bonne époque. Ce monument, fort encombré de sables, se compose d’abord d’une espèce de pronaos, salle soutenue par 12 piliers carrés, couverts de sculptures, et par 4 colonnes, que l’on ne peut mieux nommer que proto-doriques, ou doriques prototypes, car elles sont évidemment le type de la colonne dorique grecque ; et, par une singularité digne de remarque, je ne les trouve employées que dans les monuments égyptiens les plus antiques, c’est-à-dire dans les hypogées de Béni-hassan, à Amada, à Karnac, et à Bet-oualli, où sont les plus modernes, bien qu’elles datent du règne de Sésostris, ou plutôt de celui de son père.

Le temple d’Amada a été fondé par Thouthmosis III (Mœris), comme le prouvent la plupart des bas-reliefs du sanctuaire, et surtout la dédicace, sculptée sur les deux jambages des portes de l’intérieur, et dont je mets ici la tra-