Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/264

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dues la tête en bas ; celles-ci, les mains liées sur la poitrine et la tête coupée, marchent en longues files ; quelques-unes, les mains liées derrière le dos, traînent sur la terre leur cœur sorti de leur poitrine ; dans de grandes chaudières, on fait bouillir des âmes vivantes, soit sous forme humaine, soit sous celle d’oiseau, ou seulement leurs têtes et leurs cœurs. J’ai aussi remarqué des âmes jetées dans la chaudière avec l’emblème du bonheur et du repos céleste (l’éventail), auxquels elles avaient perdu tous leurs droits. J’ai des copies fidèles de cette immense série de tableaux et des longues légendes qui les accompagnent.

A chaque zone et auprès des suppliciés, on lit toujours leur condamnation et la peine qu’ils subissent. « Ces âmes ennemies, y est-il dit, ne voient point notre dieu lorsqu’il lance les rayons de son disque ; elles n’habitent plus dans le monde terrestre, et elles n’entendent point la voix du Dieu grand lorsqu’il traverse leurs zones. » Tandis qu’on lit au contraire, à côté de la représentation des âmes heureuses, sur les parois opposées : « Elles ont trouvé grâce aux yeux du Dieu grand ; elles habitent les demeures de gloire, celles où l’on vit de la vie céleste ; les corps qu’elles ont abandonnés reposeront à toujours dans leurs tombeaux, tandis qu’elles