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grand temple, particulièrement dédié à Hathôr (ce que démontrent toutes les décorations architecturales), le dieu Har-Hath, comme père, Hathôr, comme mère, et leur fils, le jeune dieu Ohi.

Considérée ainsi comme déesse-mère dans ces diverses préfectures, Hathôr devait naturellement être confondue avec les deux grandes génératrices des dieux, la déesse Mouth et la déesse Natphé. Les preuves de cette double assimilation existent dans des tableaux religieux du grand temple d’Ombos et du petit temple d’Ibsamboul en Nubie.

Il y a plus, dans les temples de l’Égypte où Hathôr ne joue point le rôle de mère, ou de seconde personne de la triade, cette déesse s’y trouve tout au moins honorée comme nourrice du jeune dieu, le fils de la triade locale. À Hermonthis, Hathôr nourrice présente le jeune Harphré à son père Month ou Manthon. À Philæ, c’est aussi la déesse Hathôr qui préside à l’éducation d’Horus, fils d’Isis et d’Osiris, le nourrit de son lait, et reçoit, dans les légendes hiéroglyphiques du bas-relief, les titres de Très-aimable, Nourrice-Épouse, remplissant le ciel et le monde terrestre de ses bienfaits ou de ses beautés[1].

La flatterie, en Égypte comme ailleurs, compara constamment les reines et les princesses du sang royal à la déesse de la beauté, à Hathôr, la Vénus égyptienne. Mais parmi toutes les formes de la déesse, on choisit de préférence celle que présente la planche ci-jointe, pour l’approprier à la représentation habituelle des épouses ou des filles chéries des pharaons ou des rois de la dynastie grecque : chaque grand édifice de l’Égypte en offre de nombreuses preuves, et le Musée royal du Louvre possède des statuettes, soit en bois peint, soit en bronze, incrustées en argent ou en or, et représentant, par exemple, la reine Ahmosis, Nofré-Atari, femme d’Amenophis Ier, chef de la XVIIIe dynastie, la reine, épouse du pharaon Takellothis de la XXIIe dynastie, et la reine Cléopâtre-Cocce, femme d’Évergète II, et mère de Soter II et d’Alexandre Ier. Ces princesses portent la coiffure formée du vautour et surmontée des insignes d’Hathôr, le disque, les cornes et les deux longues plumes.

  1. Philæ, temple d’Hathôr, côté gauche intérieur du pronaos.