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ANOUKÉ ou ANOUKI.

(anucès, anucis, istia, estia, vesta.)
Planche 20 (A)

On trouve aussi, sur les grands édifices construits par les Égyptiens sous la domination des Grecs et des Romains, la représentation de la déesse Anouké. On la voit sur l’une des faces latérales du portique d’Esné[1], assise toujours à la suite d’Ammon-Chnouphis, le dieu éponyme du temple, et recevant les offrandes d’un empereur romain dont la légende n’a point été copiée. À Déboud, en Nubie, on a figuré Anouké tenant dans ses mains le sceptre à fleur de lotus et le signe de la vie divine[2]. Enfin un bas-relief de Dendéra, dessiné par l’aimable et ingénieux baron Denon qui, le premier, fit bien connaître à l’Europe savante les merveilles de la Thébaïde, offre aussi une image de cette déesse tenant le signe de la vie[3].

Mais le monument le plus curieux du culte d’Anouké, que l’on puisse citer jusqu’à ce jour, est, sans contredit, un petit temple en bois sculpté et peint, faisant partie du Musée royal égyptien de Turin. Cet édifice, placé sur un traîneau, est précédé d’un petit portique soutenu par deux colonnes dont les chapiteaux portent une double tête de femme, celle même de la déesse Anouké, qui se distingue de la tête d’Hathôr, employée également dans les décorations architecturales, par des oreilles humaines, au lieu d’oreilles de vache. Sur le fût des deux colonnes on a gravé deux inscriptions hiéroglyphiques ; celle de droite contient une invocation au dieu Chnoumis ou Chnouphis, seigneur du ciel, gardien de la contrée orientale, seigneur aux mille noms (polyonymos), modérateur du monde, etc., pour qu’il accorde tous les biens purs à un auditeur de justice, dont le nom n’est pas conservé. La légende de gauche est une prière adressée à la Déesse Anouké, qualifiée de dame de la contrée orientale, dame du ciel, rectrice de tous les dieux, œil du Soleil, etc.

Ce naos ou petite chapelle, de la forme d’un carré long, était évidemment dédié à la Vesta égyptienne, Anouké, puisque quatre inscriptions, dont deux sont composées chacune de quatre colonnes de caractères, et

  1. Description de l’Égypte, A., vol. I, pl. 47, le second tableau de la deuxième rangée.
  2. Monuments de la Nubie, par M. Gau, pl. 6 ; idem, pl. 13, no 9.
  3. Atlas du Voyage dans la haute et basse Égypte ; Dendéra.