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variés, mais dont la tête est constamment surmontée d’un disque peint en rouge, et flanquée de deux grandes feuilles ou plumes de couleurs variées. Le col de cet animal est orné d’un collier, auquel est suspendu tantôt l’emblème de la vie divine (la croix ansée), tantôt la tête de femme à oreilles de vache, symbole de la Vénus égyptienne[1]. Le corps de la vache est blanc ou bien peint en jaune clair, et la housse qui parfois le recouvre est ordinairement rouge.

Le nom hiéroglyphique de cette génisse sacrée se présente sous plusieurs formes différentes, mais exprimant toutes les mêmes sons d’une manière plus ou moins complète. La forme la plus ordinaire (légende no 2), peut se transcrire en lettres coptes ⲁϩⲁ, ⲁϩⲉ, ⲁϩⲓ, ou bien ⲉϩⲑ, ⲉϩⲓ. La légende no 3 ne diffère de la précédente que par l’emploi d’un caractère homophone, la feuille à la place de l’oiseau, et la légende no 4 n’en est qu’une abréviation terminée par le caractère , signe du genre feminin, exprimé dans les autres noms hiéroglyphiques par et , marques constantes de ce genre dans la langue égyptienne parlée. Dans quelques textes, au lieu du nom propre même, on lit la simple qualification la grande vache-reine ou déesse (légende no 5).

L’importance du rôle que jouait dans la mythologie égyptienne cette génisse considérée non comme un simple animal sacré nourri dans un temple, mais comme forme symbolique propre à un être divin, est suffisamment dénotée par la légende no 1 qui accompagne souvent son image dans les papyrus hiéroglyphiques : Ahé (vache) la grande, génératrice du dieu soleil.

Ainsi le dieu Phré ou le Dieu-Soleil (Hélios) qui, dans la théogonie égyptienne, fut considéré comme le père de tous les dieux de la seconde ou de la troisième classe, devait la naissance à la vache Ahé ; cet être mythique fut donc aussi une des principales divinités, l’une des plus anciennes et par suite des plus vénérées, puisque, dans l’olympe égyptien, l’ordre seul de la naissance réglait toujours le rang et l’importance de chaque divinité.

L’extrême incertitude des signes de voyelles, dans la partie phoné-

  1. Voyez planches 17 (A), 17 (B), et leur explication.