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de quelques-uns des nombreux bas-reliefs qui les décorent. Il a donc fallu recourir à d’autres moyens pour connaître les formes sous lesquelles les Égyptiens représentèrent leur dieu Mandoulis ou plutôt Mandouli, le Σ final de ce nom n’étant qu’une terminaison purement grecque. C’est par la lecture seule des légendes hiéroglyphiques inscrites à côté d’images de divinités, soit sur des monuments originaux, soit sur quelques dessins de bas-reliefs inédits ou déja publiés, que je suis parvenu à reconnaître le dieu Mandouli, parmi la foule de dieux que présentent les sculptures égyptiennes.

Je remarquai d’abord qu’une divinité mâle, et qui paraît avoir joué un rôle important dans le panthéon égyptien, reçoit, dans les légendes hiéroglyphiques, le nom de Mand ⲙⲛⲧ[1]. Ce même nom propre de dieu se lit avec l’addition de sa voyelle finale ⲙⲛⲧⲟⲩ[2], Mandou, sur plusieurs stèles ou bas-reliefs du musée royal égyptien de Turin, de la collection de M. Durand ou du cabinet du Roi à Paris. La valeur phonétique des éléments qui composent ces noms, étant reconnue d’ailleurs et ne permettant aucun doute sur l’exactitude de leur lecture, il devint certain, pour moi du moins, que le dieu appelé Mand, ou plutôt Mandou, dans les textes hiéroglyphiques, était aussi le dieu principal du temple de Talmis, nommé Μανδουλι Mandouli dans les inscriptions grecques, lorsque surtout j’eus retrouvé ce nom divin plus habituellement écrit ⲙⲛⲧⲣⲏ[3], Mandou-Ri ou Mandou-Li (Mandou-Soleil), suivant la prononciation particulière de ce nom, dans les différents dialectes de la langue égyptienne.

Ce nom sacré se lit constamment inscrit à côté d’un dieu à tête d’épervier, ornée du disque solaire, surmontée de deux longues plumes. Ainsi le dieu Mandou-Ri ou Mandou-Li réunissait en lui les caractères ou du moins les principaux insignes des deux grandes divinités de l’Égypte Amon-Ré (Amon-Soleil), et Phré ou Phri (le Dieu-Soleil). Les images de Mandou-Li sont fréquemment reproduites dans les temples de l’Égypte, de la Nubie et de l’Éthiopie ; celle qui est gravée sur notre planche 27, est tirée d’une stèle du musée royal de Turin.

  1. Voyez, entre autres monuments, une momie de la collection de M. Cailliaud.
  2. Légende no 1 de notre planche ; le dernier caractère est le signe d’espèce, Dieu.
  3. Légendes nos 2, 3 et 4, de notre planche : le no 5 est la forme hiératique de la légende no 1 ; voyez aussi Description de l’Égypte, Ant., vol. III, pl. 34 ; idem, pl. 31 ; et le Voyage de M. Cailliaud à Méroé, Barkal, etc. ; pl. LXXI.