Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nourrice des dieux, un des souverains de l’Égypte[1]. Elle est adorée, soit par un empereur, soit par un roi lagide, sur la face latérale du temple de Dandour[2], et dans le voisinage encore de la nourrice des dieux. On la retrouve parmi les divinités figurées sur la face latérale de l’est du grand temple d’Athyr (Vénus), à Dendera[3] ; enfin, la Commission d’Égypte a copié sur le même monument une magnifique image de Souan (Ilithya), coiffée du vautour surmonté de la coiffure spéciale de la déesse, et un second vautour, figuré sur la tunique, enveloppe le corps de cette divinité sous ses ailes plusieurs fois repliées[4].

Le plus curieux des bas-reliefs gravés dans la Description de l’Égypte, sous le rapport mythologique, est sans contredit l’un de ceux que les savants français ont dessiné à Hermonthis (Erment)[5]. Il est à regretter qu’ici, comme en beaucoup d’autres occasions, le temps n’ait point permis de copier les légendes hiéroglyphiques inscrites à côté des personnages mis en action dans cet important bas-relief ; mais le sujet en est assez clair par lui-même, et le tracé exact des personnages seuls suffit à la discussion actuelle. Ce tableau représente une femme dans les douleurs de l’enfantement, et à l’instant même où le nouveau-né sort du sein de sa mère ; d’autres femmes prodiguent les soins les plus attentifs à la gisante qui ne peut être qu’une déesse, puisque des divinités semblent compâtir à ses douleurs. Je n’ose décider encore si cette scène est relative à la déesse Netphé (la Rhéa des Grecs), donnant le jour, pendant la durée des Épagomènes, à ses cinq enfants Osiris, Isis, Aröeris, Nephthys et Typhon ; mais il est visible que l’accouchée est assistée dans ses souffrances par Amon-Ra lui-même le père de tous les dieux, suivi, comme cela devait être naturellement, par la déesse Souan, l’Ilithya égyptienne, la protectrice des mères en travail. De plus, le scarabée, emblème de la génération et de la paternité, ainsi que les vautours de la déesse Ilithya, emblèmes de la maternité, voltigent au-dessus de la tête de la mère souffrante. Il était difficile de ren-

  1. Gau, Monuments de la Nubie, pl. 22.
  2. Idem, pl. 25.
  3. Description de l’Égypte, A., vol. IV, pl. 17.
  4. Idem, pl. 27, no 3.
  5. Idem, A., vol. I, pl. 96.