Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’entre les dieux égyptiens, et ceux qui occupaient le rang élevé dans la hiérarchie céleste. Une telle qualification ne saurait convenir à Bubastis, fille d’Osiris et d’Isis dieux de la troisième classe, et petite-fille de Cronos que les Égyptiens appelèrent le plus jeune des dieux de la seconde classe. Ilithya, l’une des formes de Néith, appartient donc évidemment à un ordre plus relevé. Mais sans devoir être identifiée pour cela avec Bubastis, l’Artémis égyptienne Souan (ou l’Ilithya égyptienne) put avoir certaines attributions communes avec cette déesse de la troisième classe. C’est ce qui résulte à la fois et des hymnes orphiques dans lesquels Ilithya est aussi nommée Ἄρτεμις Εἰλείθυια[1], et des monuments originaux. Une statue en granit noir appartenant au Musée de Turin, m’a offert, en effet, la singulière image de l’Ilithya égyptienne reproduite sur notre planche 28 (B). Cette figure, gravée en creux sur la tunique de la statue, et au milieu d’une foule d’autres représentant la plupart des divinités de l’Égypte, est accompagnée de son nom propre hiéroglyphique Souan (pl. 28, lég. no 1). La déesse, encore à tête de vautour, tient dans sa main droite un arc et une flèche, armes ordinaires de l’Artémis des Grecs, la protectrice des chasseurs. Sans conclure de ce fait que l’Ilithya égyptienne présidait aux plaisirs de la chasse comme l’Artémis grecque et la Diane latine, nous devons conclure qu’il exista entre les mythes sacrés des Égyptiens et ceux des Grecs, des rapports beaucoup plus intimes que les apparences ne semblent le promettre.

  1. Orphica, ed. Hermann, hymne II, vers 12.